À propos du livre

La proposition récente du gouvernement fédéral à la fin de l’année 2020 de créer une Agence canadienne de l’eau afin de s’adapter aux changements climatiques et de protéger l’eau douce a marqué un possible tournant historique. La dernière avancée législative fédérale en matière de gestion nationale de l’eau date en effet de plus de cinquante ans. La forme que prendra l’Agence canadienne de l’eau, sa mission et l’opérationnalisation de ses objectifs demeurent cependant à définir. La création de cette nouvelle agence fédérale constitue l’occasion d’examiner de façon critique la législation, les politiques et le fonctionnement des organisations existantes sur la gestion, la préservation et la réglementation de l’eau au Canada et à l’international, de même que le processus de création de cette nouvelle agence.

Cette source est composée de textes inspirés de la conférence nationale présentée par le Forum sur le droit et la gouvernance de l’eau de l’Université d’Ottawa. Rédigés par des spécialistes dans différents domaines du droit et de la gouvernance, ces textes abordent l’eau douce selon les perspectives autochtones, municipales, internationales, écosystémiques et intergouvernementales, agricoles et agroalimentaires, de même que les considérations liées à l’élaboration institutionnelle de l’Agence canadienne de l’eau.
Une introduction au droit et à la gouvernance de l’eau douce précède la richesse des perspectives présentées dans les divers chapitres qui suivent. Afin de mieux situer les propos des experts qui sont tenus dans l’ouvrage, le portrait est brossé du contexte hydrographique, géographique et climatique au Canada, de même que du cadre constitutionnel, juridique et institutionnel. Les développements politiques récents relatifs à la création de l’Agence canadienne de l’eau sont également détaillés.

Le rôle que l’Agence canadienne de l’eau peut revêtir dans la décolonisation de la gouvernance de l’eau est abordé. Des avenues sont présentées afin de répondre aux défis caractérisant les mécanismes actuels de gouvernance collaborative de l’eau et pour s’assurer que les perspectives autochtones soient centrales au développement de l’Agence. Les impératifs de participation publique, de co-construction et d’acceptabilité sociale dans la construction de l’Agence sont analysés afin de proposer un modèle de gouvernance flexible qui fasse consensus – permettant ainsi au gouvernement du Canada de respecter ses engagements envers la Réconciliation avec les peuples autochtones et de prendre en compte leurs savoirs dans la gouvernance de l’eau. Les outils et mécanismes juridiques existants de gestion intergouvernementale de l’eau au Canada sont étudiés. L’utilisation répandue de l’échelle du bassin versant comme paramètre de champ d’action est identifiée, de même que les manquements relatifs à l’inclusion de plusieurs secteurs et de divers acteurs. Le rôle des municipalités dans le champ de la gouvernance de l’eau au Canada est mis en lumière, de même que les manières dont la gestion de l’eau pourrait être modernisée à l’occasion de la création de l’Agence canadienne de l’eau en tenant compte des initiatives développées par les municipalités.

L’évolution du droit de l’eau à l’échelle internationale et les tensions qui ont émergé en ce qui concerne sa gestion sont expliquées et des aspects souvent négligés sont relevés dans une perspective de création d’une future Agence canadienne de l’eau. Un regard comparé est également jeté sur la difficile gestion transfrontalière du bassin hydrographique du fleuve Indus dans la région indo-pakistanaise et des leçons sont tirées quant aux facteurs géographiques, politiques et historiques qui peuvent avoir un impact sur la gouvernance de l’eau.
Le secteur agricole et agroalimentaire occupe une place importante de l’économie et se classe parmi les pollueurs les plus importants de l’eau douce. La relation d’interdépendance entre ce secteur de l’économie et l’eau douce est toute particulière, puisque le domaine agricole est aussi le plus grand utilisateur d’eau douce et est le plus affecté par les changements climatiques. Si l’Agence canadienne de l’eau se révèle n’être que la successeure de l’administration du rétablissement agricole des Prairies, des solutions sont néanmoins proposées à l’égard de ce secteur particulièrement vulnérable aux pressions démographiques croissantes et aux changements climatiques.

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre introductif

Marie-France Fortin, Alexandre Lillo, Laurent Touchant, Eric Champagne, Thomas Burelli 

Chapitres:

1. The Canada Water Agency as an Opportunity to Decolonize Water Governance

Aimée Craft, Florence Robert, Caitlin De Simone 

2. Gouvernance de l’eau, agence et participation publique : enjeux et impératifs au Canada

Louis Simard 

3. The Canada Water Agency: Opportunities and Challenges for the Agriculture and Agri-Food Sector

Jenna Khoury-Hanna 

4. Colonial history and the limits of domestic and international transboundary water cooperation on the Indus

Erum Sattar

5. Mécanismes juridiques de la gestion intergouvernementale de l’eau au Canada : quelles leçons pour la future Agence canadienne de l’eau?

Alexandre Lillo, 

6. Canada Water Agency: What role for municipalities?

Lauren Touchant 

7. Une Agence canadienne de l’eau : une interface locale/globale pertinente?

Sylvie Paquerot